Munchmuseet, MM UT 31

MM UT 31, Munchmuseet. Datert 1908–1909. Utgitt tekst.
Filologisk kommentar: Alfa & Omega på fransk. Den første utgaven som følger med grafikkmappen.

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Munchmuseet UT 31, s. 1
ALPHA ET OMÉGA

    Alpha et Oméga furent les premiers hommes
de lïle. Alpha couché sur l'herbe s´était en-
dormi et rêvait, Oméga s'approcha de lui, le vit et
fut pleine de curiosité. Oméga cueillit une branche
de fougère, le chatouilla et le reveilla.

    Alpha aima Oméga; les soirs ils étaient assis
serrés l'un contre l'autre, regardant le colonne du
clair de lune tremblotant sur la mer qui entourait l'ile.

    Ils s'enfoncérent dans le bois, et dans le bois il
y avait bien des bêtes et des plantes bizarres; il y
regnaitune obscurité mysterieuse, mais il y avait
aussi beaucoup de petites fleurs ravissantes. Une
fois Alpha eut peur et elle se réfugia brusquement
dans les bras d'Alpha. Bien des jours l'ile était
baignée de soleil.

    Un jour Oméga était couchée au dehors du bois,
Alpha était assis plus loin dans la forêt à l'ombre
– alors un nuage énorme monta de l'océan,
se répandit sur le ciel et couvrit l'ile de son ombre.

    Alpha appela Oméga, mais Oméga n'entendit rien;
alors Alpha vit qu'Oméga tenait la tête d'un ser-
pent entre ses mains en regardant ses yeux scintil-
lants, un serpent énorme que s'e'tait glissé entre
les fougères le long de son corps. Subitement la
pluie tomba du ciel, et Alpha et Oméga furent
terrifiés.

    Lorsgu' Alpha un jour rencontra le serpent dans
le champ il lutta avec lui et le tua, tandis qu'Oméga
regardait de loin.

    Oméga rencontre un hyène-poète qui avait le
toison râpèe; ses paroles d'amour d'usage ne le
touchent pas, alors de ses petites mains molles – elle le
couronne.

    Le tigre approcha sa tête cruelle et farouche á la
gentille petite tête d'Omega. Oméga ne trembla pas;
elle laissa sa petite main reposer dans la gueule du
tigre et caressa ses dents.

    Lorsque le tigre rencontra l'ours, il sentit l'odeur
d'Oméga, l'essence de la pâle fleur du pommier
qu' Oméga baisait tous les matins au lever du soleil.
Ils se battirent et se déchirèrent. Tout d'un coup

comme sur un damier – qui n'était pas encore
inventé – les pièces changent de place. Oméga se
blottit contre Alpha; curieux et sans rien comprendre
les autres animaux allongent leurs cous et regardent
le jeu.

    Les yeux d'Oméga étaient changeants; d'ordinaire
ils étaient d'un bleu clair, mais quand elle regardait
ses amants ils devenaient noirs avec des lueurs de car-
min, et alors il lui arrivait de cacher sa bouche
d'une fleur. Le coeur d'Oméga était variable; un
jour Alpha la vit assise prés de la rivière embras-
sant un âne qui était couché sur ses genoux; alors
Alpha alla chercher l'autruche et s'appuya contre
son cou, mais Oméga ne leva pas les yeux de des-
sus sa chére besogne de baiser.

    Oméga se sentit fatiguée et lasse de ne pouvoir
posséder toutes les bêtes de l'ile; elle s'assit sur
l'herbe tout éplorée; puis elle se leva, erra sur
l'ile et rencontra le pourceau. Elle se mit á genoux
et casha son corps dans ses longs cheveux noirs
et elle et le pourceau se regardèrent.

    Mais Oméga s'ennuyait; une nuit comme le colonne
doré de la lune tremblotait sur l'eau, elle s'enfuit
sur le dos d'un daim á travers la mer au pays vert
clair sous la lune. Alpha resta seul sur l'ile.

    Un jour les enfants d'Oméga vinrent á lui; une
engeance nouvelle avait poussé sur l'ile, ils s'assem-
blent autour d'Alpha qu'ils appellent leur pére.
C'était de petits cochons, de petits serpents, de
petits singes, de petits fauves et d'autres bâtards
de l'homme. Il désespéra.

    Il courut le long de la mer; le ciel et la mer fu-
rent teits de sang; il entendit des cris dans l'air
et se couvrit les oreilles; la terre, le ciel et la mer
tressaillirent et il éprouva une grande angoisse.

    Un jour le daim rapporta Oméga. Alpha est assis
sur la plage et elle vient vers lui. Alpha sentit son
sang bourdonner, les muscles de son corps se gon-
flèrent et il battit Oméga si fort qu'elle en mourut.
Comme il s'inclinait sur la morte et vit sa figure, il
fut terrifié par son expression. C'était le même
qu'elle avait eue dans la forét au moment ou il
l'aima le mieux.

    Tandis qu'il etait encore á la regarder, il fut
attaqué de derrière par tous ses enfants et les ani-
maux de l'ile qui le déchirérent.

    La nouvelle engeance remplit l'ile.