MM N 43
MM N 43. Note sur l’art dans un brouillon de lettre à Jens Thiis. 1933–1940. Traduction pour l’exposition « Edvard Munch, l’œil moderne » au Centre Pompidou à Paris
fol. 1r
III
Quand tu mentionnes la frise de la vie et les divers tableaux que l’on qualifie de symboliques ou de littéraires il faut alors te souvenir qu’en même temps il y a là, coordonnée, une ligne artistique. Ces tableaux marquent des étapes vers des peintures murales ultérieures et celles de la salle des fêtes de l’Université.
J’ai cherché à simplifier – c e que j’ai d’ailleurs toujours fait – c’était la construction en fer (comme maintenant le béton) – la tour Eiffel – c’était l’arc tendu qui plus tard se relâche dans l’Art Nouveau – la ligne onduleuse avait aussi du reste son origine dans la découverte et le présentiment de l’éxistence de forces nouvelles dans l’atmosphére – on se doutait de l’existence des ondes hertziennes et de la transmission de la pensée . (la séparation : j’ai symbolisé la communication entre les êtres séparés
fol. 1v
IIII
à l’aide de longs cheveux ondoyants . (comme dans la frise de la vie) La longue chevelure est une sorte de fil téléphonique) Les vêtements simplifiés de la femme d’aujourd’hui ne sont-ils pas le résultat d’un essai de simplification dans l’art de ce temps et également du fonctionalisme –
Ce n’est pourtant qu’une question de simplification et l’idée était déjà présente entre autres chez van de Velde
Ne trouves-tu pas dans «la danse de la vie» une ressemblance avec le rythme et le mouvement des danses de ces derniers 20 ans – ? Et dans la frise de la vie alors ?
N’y a-t-il pas des points de convergence entre les groupes – les mouvements et les lignes et les traits de «La danse de la vie» et la jeunesse actuelle ?
A propos. Il me faut bientôt prendre une décision sur ce que je vais faire avec la frise de la vie et les autres grandes frises. Je sais parfaitement qu’il ne faut guère s’attendre à vendre et je me prépare à arrêter mes travaux. Je peux encore tenir un an – et puis il me faudra enrouler mes toiles, Je peux toujours faire des photos et des esquisses de mes projets. J’ai aussi rêvé de créer un parc avec des décorations murales.
Ton dévoué
Edvard Munch
