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Saint-Cloud février
Ma chère tante
Merci pour la lettre et l’argent
– J’espère que vous serez guéris
de la grippe quand cette lettre
arrivera – c’est très
désagréable à avoir mais
il parait qu’elle n’est pas
trop grave à Kristiania –
si bien qu’elle ne laissera aucune
séquelle je l’espère
Ici tout va comme à
l’habitude – je reste
au calme – et je peints
de mes fenêtres ou du restaurant.
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De temps en temps je vais à Paris
pour rencontrer les autres – en
général à la Régence – où
se retrouvent les Scandinaves –
Vous n’avez pas de
véritable hiver à ce que je vois
dans les journaux – c’est bien
ennuyeux pour vous – je pense
que cela doit être triste là bas
du côté de Hauketo par
pareil temps – mais probablement
bien beau quand le printemps
arrive. –
Mes rencontres se bornent à
des ouvriers français et
autres habitants de Saint-Cloud
– et je bavarde autant que je peux
avec eux ce qui me fait apprendre
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un peu de français.
Tous les Français ceux appartenant
à la classe populaire sont ici
incroyablement aimables –
Je ne sais pas si j’ai
raconté une promenade à Sèvres
qui est tout près de Saint-Cloud
Je suis allé inspecter
le quartier que Launay
a construit avec l’argent de Gouffé – tu
sais celui qui a été assassiné
et transporté dans une valise
jusqu’à Lyon – Tu sais peut être
que Launay était un parent de l’assassin
et initiateur du crime.
C’était très intéressant de voir
ces immeubles neufs presque terminés
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en cours de travaux – tout
était si beau et élégamment
arrangé. Avec l’argent de la victime
A l’extérieur du portail du domicile de Launay
pendait un grand écriteau
portant son nom et sa société
en lettres dorées. – On ne parle
de rien d’autre que de ce meutre
dans tout Paris –
Ecris-moi vite pour
que je sache comment
vous allez –
Salue tout le monde et merci
à Andreas de s’être dérangé
pour l’argent
Ton dévoué
E Munch
