Un soir je descendais un sentier montagneux avec deux camarades, près de Kristiania – C’était à une époque où la vie m’avait écorché l’âme – Le soleil se couchait – il venait de se cacher sous l’horizon – Alors ce fut comme une épée sanglante et flamboyante qui déchira la voute du ciel.
L’air devint du sang – strié de cordes de feu – les collines tournèrent au bleu profond – le fjord aux couleurs bleu froid, jaune et rouge.
Sur le chemin et la rambarde – le rouge – sang criard – le visage de mes camarades passa au blanc jaunâtre – J’ai ressenti comme un grand cri – et j’ai véritablement entendu un grand cri – Les couleurs cassèrent les lignes dans la nature – les couleurs et les lignes vibraient d’émotion – Ces effets de lumière ne se répercutaient pas seulement dans mon œil mais aussi dans mon oreille – si bien que j’entendis vraiment un cri – C’est alors que j’ai peint Le cri.